Jean-Luc le Barde

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quotePassionné de musique celtique depuis toujours (ais-je eu du Chouchen dans mon ch’ti biberon ?) j’ai eu le bonheur de suivre au fil des années la prodigieuse renaissance de la harpe celtique, revenue du fond des âges, grâce au Maître, Alan Stivell. A l’époque, les harpes ne courraient pas les rues. Ce merveilleux instrument n’était pas vraiment à la portée de monsieur Toutlemonde. Je me suis donc orienté vers la guitare (toujours des cordes !).
Puis le temps a passé, de plus en plus vite au fil des années. Et dans ce tourbillon de la vie, la famille, le travail et d’autres centres d’intérêt m’ont occupés joyeusement, intensément et parfois moins agréablement, et mis en sourdine mes balbutiements musicaux. Mais, comme un élixir de jeunesse éternelle (celle du cœur), j’ai continué à m’abreuver à cette source celtique avec mes précieux « compagnons de route » : Alan Stivell, Tri Yann, An Triskell… je ne peux tous les citer.

En juin 2012, mon chemin croisa celui d’une « fée bienveillante » à l’occasion de la première édition du Celt’Fest de Tournon. J’assurais le côté « reportage » de l’événement : photos, vidéos, interviews, et c’est dans ce cadre que je rencontrais Patricia, harpeuse talentueuse au grand cœur. L’interview se prolongea en une discussion passionnée et passionnante. Elle sut réveiller en moi ce désir inassouvi et momentanément « oublié » : apprendre à jouer de la harpe, et me conseiller efficacement pour en faire l’acquisition, choisir un professeur. Par le plus grand des hasards (?), les vacances d’été déjà prévues allaient me faire parcourir, une fois de plus, la terre bretonne… Par ailleurs, toujours dans le cadre du Celt’Fest, j’enregistrais et interviewais un groupe de musique irlandaise, les Green Fields of France… Nous sympathisâmes et ils m’invitèrent à venir leur faire découvrir cette harpe celtique que je rapporterais de Bretagne… Les pièces d’un grand puzzle se rassemblaient…

C’est donc ainsi que je fis mon entrée dans ce groupe avec ma petite Hermine.

 

Harpe - Copie

La harpe, avec la flûte et les percussions, est probablement l’un des plus anciens instruments de musique.

Son origine remonte sans doute à l’arc musical (dérivé de l’arc de chasse) dont la corde tendue et relâchée fait vibrer l’air en émettant une note.

Les plus anciens vestiges retrouvés en Égypte, de cet arc musical, datent de plus de 5500 ans.

Au fil du temps, on y ajoutera d’autres cordes, une caisse de résonnance (bouche, calebasse, bois évidé) et l’instrument se répandra dans tous les pays en constituant une grande famille qui comprend : les arcs musicaux, les lyres, les cithares, les luths et guitares, les vielles et les harpes. Ces dernières, dont le berceau est situé en Mésopotamie, va grâce aux échanges commerciaux avec l’Irlande, entrer en Europe par les pays celtes. Elle était de petite taille, transportable et ne comportait que de 12 à 16 cordes. Elle va évoluer en terre celte, au fil des siècles, vers la petite harpe troubadour ou bardique (22 cordes), la grande harpe classique avec des mécanismes actionnés par des pédales (40 à 47 cordes) et la harpe celtique, de taille moyenne (32 à 38 cordes) avec des palettes permettant d’altérer les notes. Elle se décline aussi sous différentes formes en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud…

Ma harpe, une brave petite Hermine, m’a accompagné sur tous les chemins de mes voyages musicaux, par monts et par vaux.

Et puis un jour, les doigtés se faisant plus exigeants, il a fallu évoluer aussi vers plus d’exigence musicale.

Dame Aziliz est arrivée, se glissant dans les brumes automnales au petit matin, venant de loin, très loin, de là-bas, des terres celtiques ancestrales,  dans sa belle robe fauve, toute d’harmonies cristallines parée…

DSC_0339 - Copie

Dame Aziliz s’en est venue, Dame Hermine s’en est allée chanter pour réchauffer d’autres cœurs, vers les pays d’Armorique.

Elle vient, elle aussi, des ateliers de la société Camac (qui fabrique des harpes depuis 1972), à Mouzeilles près de Nantes.
Elle est en érable et hêtre pour le corps, épicéa pour la table d’harmonie. Les bois proviennent tous de forêts à gestion durable. Les vernis n’ont aucun composant polyester, et la fabrication s’effectue dans le strict respect des réglementations en matière de réduction des solvants.
Dame Aziliz mesure 116 cm et pèse 10,5 kg. Sa tessiture est de 34 cordes, de La 1 à Do 34, en cordes « Alliance » (La 1 à Ré 26), et filées celtique (Do 27 à Do 34).
Mais avant tout, elle est belle comme une volute de brume qui s’enroule dans l’air du matin, vivante et légère comme une vague qui ondule sur l’eau d’un lac, émouvante quand elle fait chanter ses harmonies cristallines comme les perles scintillantes d’un glacier qui fond et ses basses profondes qui vibrent dans le bois, qui vibrent en moi.

Et mes doigts, et mon âme se sont mêlés à ses cordes magiques pour vibrer, pour me fondre dans cette symphonie musicale qui m’emporte parfois bien loin, dans le temps, dans l’espace. Pour mieux revenir vers la vie, le monde, pour y faire de belles rencontres, partager cette celtitude qui m’apaise.

« La harpe, on l’accorde,
Le monde, on ne l’accorde pas »
proverbe tsogo (Gabon)